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On ne va pas y aller par quatre chemins : les trois petits cochons sont une petite bande des fieffés menteurs. Grosso modo, l’histoire voudrait que les maisons écoconstruites soient moins fiables, durables, résistantes … que les cohortes de boîtes à chaussures en parpaings de ciments, ossature ferraille, enduits de ciments …
Permettez qu’on vous démontre ici même le contraire. Et pas dans la nuance ou à la marge. Sauf exceptions pour confirmer la règle, la comparaison opère à tous les niveaux au bénéfice de l’écoconstruction, du gros œuvre jusqu’aux finitions. Vous en doutez ? Rendez-vous à la fin de ce texte.
1. D’abord, l’écoconstruction c’est quoi ?
La famille des matériaux bio et géosourcés regroupe un ensemble de ressources naturelles constitutives de matériaux pour la construction ou la rénovation. Dit autrement, le recours à ces matériaux pose les ingrédients qui définissent l’écoconstruction, ou inversement l’écoconstruction est définie par les matériaux qu’elle utilise, matériaux naturels ou les plus naturels possibles.
Les matériaux biosourcés appartiennent à la biosphère, et plus spécifiquement à la famille des végétaux. Si tout ce qui pousse n’a pas vocation à constituer un matériau biosourcé, tous les matériaux biosourcés sont issus du règne végétal. Les principaux sont le bois (et ses différentes catégories : bois de charpente, bois de structure, bois de revêtement et bois d’habillage et de finition), les garnitures type paille et les laines isolantes (laine de bois, de chanvre, de coton, de coco …), les ingrédients biosourcés des bétons naturels et complexes isolants (chènevotte / chanvre, lin, fibres diverses, qu’on retrouve notamment dans les bétons de chaux-chanvre et d’argile chanvre).
Les géosourcés relèvent de la géologie et des process géomorphologiques qui les ont constitué et rendu accessibles : carrière de minéraux et pierres de différentes origines (granit, volcanique, meulière, calcaire, etc.), qui participent à caractériser les bâtis en termes de formes, de structure, de couleur selon la proximité des sites d’extraction et le déterminisme des substrats, et leur exploitation en liants de construction, avec ou sans transformation (chaux, et argile principalement).
Selon leur origine, leur niveau de transformation, les traitements qu’ils subissent, les modalités logistiques qui les accompagnent et d’autres critères, ils sont donc plus ou moins naturels, ou plus ou moins artificialisés. Et pour ceux qui sont le moins (naturel), on retrouve les grand groupes nationaux qui ne peuvent s’empêcher de mettre de la pétrochimie et autres ingrédients pas ordinaire dans tout ce qu’ils touchent. C’est sûr qu’avec une chaux de chez ces gros fournisseurs … vous prenez le risque de rencontrer quelques ingrédients, adjuvants et autres composés chimiques qui prennent quelques libertés avec le concept de matériau naturel. Idem pour le traitement des bois et tout ou partie des ressources utiles et nécessaires à la construction ou à la rénovation d’une maison.
Coupons court toute suite à tout débat à l’honnêteté intellectuelle partielle. On ne va pas jouer aux Ayatollahs ou autres Khmers vers, jusqu’au-boutistes du donnage de leçons, pas toujours très constructifs. L’approche à laquelle on s’essaye ne peut ni ne doit faire l’économie d’une honnêteté intellectuelle pour objectiver et argumenter le débat. Si notre parti pris est clair et résolu, les matériaux modernes recèlent aussi de véritables atouts constructifs qui dans certains contextes pourront même supplanter les éco-matériaux selon les types de performances et/ou d’efficacité que l’on recherche.
L’approche doit donc être systémique et adaptée par rapport au besoin auquel on cherche à répondre. Pour ce qui nous concerne : l’habitat rural, ou de type rural en secteur urbain ou périurbain. Et si notre parti pris est clair et résolu, c’est que la force, justement, de nos ingrédients, cuisinés correctement, met KO à chaque round ceux du modèle constructif des 50 dernières années, et qui portent certaines responsabilités. La France moche, l’étalement urbain, les gilets jaunes … Une partie non réductible des maux qui traversent notre époque leur sont associés. Et qui pourtant, continuent de représenter 90% (au moins) de ce qui se fait.
2. Approche historique et/ou des centres villes historiques
Revenons à nos trois petits cochons, et au match construction tradi en éco-sourcé vs. maison moderne en béton de ciment. Certes, ce conte pour enfants est un peu plus moral que ça, et le résumé à une histoire de souffle sur des matériaux plus ou moins souples, est d’une rigueur très relative. Mais pour autant …
Tout un chacun a, normalement, déambulé dans divers centre historiques. Le patrimoine historique, non pas celui qui s’est contenté de traverser quelques décades, mais celui qui est là depuis des siècles, en quoi est-il fait ? On vous le donne en mille : en matériaux géosourcés. Bon, jusqu’ici rien de très démonstratif. Ben oui me direz vous, les constructions en pierres, bah elles durent. Les façades en pierre de taille qui remontent au 19ème, voire au 18ème siècle, qui ornent les avenues, rues et ruelles de nos villes sont légions. Et du côté des monuments, on a des caisses et des caisses de patrimoine religieux qui remonte au gothique, au roman (1000 ans quand même, et une période où, en quelques siècles, nous avons dressé plus de pierres montées jusqu’au ciel que toutes les pyramides d’Égypte sur plusieurs millénaires). Et que dire des monuments toujours debout et qui remontent à l’antiquité. Et on ne parlera pas ici des exploits architecturaux que constituent les pyramides, Göbleki Tepe, Stone Edge, etc.
Notre point de comparaison se veut plus humble, plus réaliste et accessible. Les spécialistes parleront de patrimoine vernaculaire. Revenons en à nos centres villes historiques. Les maisons qui y attirent le plus souvent l’attention, y sont aussi souvent les plus anciennes. Elles datent de la fin du moyen-âge (15ème / 16ème siècle, 500 ans tout de même) et relèvent de process d’éco-construction : ossature poteau-poutre et bétons bio et géosourcés : les maisons à colombages. Elles ont traversé les siècles, les saisons et leurs tempêtes, les guerres et révolutions, et même les changements climatiques (petit âge glaciaire à la sortie du moyen-âge, qui lui même a succédé à l’optimum climatique médiéval et a duré jusqu’à la révolution industrielle, avant la période de réchauffement climatique contemporain, mais c’est un autre sujet).
Ce qui est intéressant avec cette approche historique, c’est qu’elle permet d’affirmer que sur le temps long les process d’écoconstruction constituent la norme. Que leurs caractéristiques techniques répondaient et continuent de répondre aux objectifs de solidité, de durabilité, d’esthétique, de fonctionnalité qui ont fait l’histoire de l’habitat. Et que la souplesse (dans une certaine mesure, on ne parle pas d’élasticité non plus) des systèmes constructifs à la clef, dame le pion au loup et à son souffle, et à ces escrocs de p’tis cochons. En face, les maisons modernes caractérisées aussi par leur rigidité font qu’elles s’ébrèchent, voire qu’elles cassent. Sols argileux, hop ça casse. Amplitude thermique trop « violente », hop ça casse aussi. Désordre à l’humidité (et en l’absence de système constructif qui permet la gestion de l’humidité), hop ça casse encore. Les systèmes constructifs qui définissent la norme actuelle, sont caractérisés par une très faible résilience, une durabilité qui se compte au mieux en décades, une absence réelle de possibilité de contribuer à la valorisation patrimonial du territoire où ils s’inscrivent, etc. Compte tenu de ces éléments, si on la met en perspective historique, la norme constructive de notre époque est surtout une anomalie, ou au mieux une passade entre un avant aux qualités plus que démontrées et un après qui conjuguera les savoir-faire les plus durables avec les solutions modernes dignes d’eux.
3. Les trois p’tits cochons et la RT2005, la RT2012, la RE2020
Aux critères de solidité, de durabilité, d’esthétique et de fonctionnalités des systèmes écoconstructifs qui ont caractérisés les siècles passés, s’ajoutent les critères modernes de confort, de surface, d’efficacité thermique, et autres bilans énergétiques et carbone. En France, la RE2020 (réglementation environnementale), firmament des RT (réglementation thermique) qui l’ont précédé, défini la règle et la norme. La maison doit être passive. Son solde énergétique doit être neutre ou positif, et son bilan carbone doit être le plus maîtrisé possible, voire neutre.
Le tout en voulant transformer le crapaud des matériaux modernes, aux propriétés qualitatives relatives et handicapés par un coût global bien dissimulé derrière des prix attractifs : ciment et leurs adjuvants, pétro-chimie et plastiques (PVC, PS, PU, PET, etc.), laine minérales, placo, enduits plastifiés et autres peintures aux recettes plus ou moins savantes polluantes…. en autant de princes et de princesses aux vertues rapidement démontrées.
La maison est devenu l’ennemi public n°1 du climat et la corporation du bâtiment le mauvais soldat qui doit rentrer dans le rang. Quant aux propriétaires de logements au DPE médiocre (E à G), des présumés coupables de malveillance climatique. C’est tout un pan du parc immobilier qui est pointé du doigt : les passoires thermiques. Et plus particulièrement les passoires locatives : 20 % des logements locatifs privés sont classés F ou G. Soit 1,6 millions de logements tout de même. La loi oblige leurs propriétaires à bloquer les loyers dans un premier temps, puis ne plus pouvoir les louer faute de travaux adaptés pour remonter dans les bonnes catégories. Une chaudière à gaz à condensation permet de gravir les échelons de cette nouvelle échelle de Jacob, tandis que les radiateurs électriques sont punitifs. Pour autant l’électricité en France est supposée non émettrice de gaz à effet de serre (filière nucléaire), tandis que pour le gaz de chaudières, même à condensation … Mais ouf, les pompes à chaleurs sont la nouvelle panacée.
Cette réglementation d’abord thermique et aujourd’hui environnementale (énergie et carbone), ponctue régulièrement l’actualité de ses avancées théoriques et concrètes. La dernière en date remonte à l’été dernier qui a vu la publication du décret sur la fin de la mise en location des passoires thermiques*. Patatra, le calendrier est déjà remis en question. Bruno Le Maire (ministre de l’économie et des finances) s’est prononcé fin septembre, « très favorable » à un report de l’interdiction de location des passoires thermiques (journal Le Parisien du 26 sept. 2023). Et oui, le 1er janvier 2025 pour l’interdiction de location des logements classés G (8 % du parc locatif privé tout de même), c’est demain. Interdiction qui devrait être suivie début 2028 par les logements F (12 % du du parc locatif privé), soit après-demain.
Le propos ici n’est pas de contester les marges de progrès mobilisables en matière de performances énergétiques des logements (bonne nouvelle, il y en a !), ni de jeter le bébé avec l’eau du bain dans les intentions mises en avant pour améliorer les niveaux de performance de l’habitat, et donc le cadre de vie des occupants. Le problème est d’une part celui de la méthode et d’autres part celui des traductions concrètes qui font la part belle aux pompes à chaleur (électriques), aux VMC double-flux (électriques aussi), aux matériaux issus de la pétrochimie et autres ressources peu résilientes et durables (laines minérales, composant polymères …). le tout pour des emplois dans des filières hors sols et hors territoires, et des savoir-faire minimalistes (matériaux et composants préfabriqués pour la plupart) et dénués d’âme et sans ancrage territorial.
Lotissement pavillonnaire en Saintonge, en Beauce, à Nantes ?
Les process d’écoconstruction et leurs bases, les ingrédients bio et géosourcés, apportent un lot de réponses, à la fois qualitatives et potentiellement quantitatives (à condition de s’y intéresser en tant que filières), hors normes. Les atouts en matière de performance pour un habitat durable et confortable, résilient et économique sont multiples : isolation et déphasage thermique, inertie et rayonnement, stockage et restitution, confort d’hiver et confort d’été, perspirance et gestion de l’humidité ; et au-delà des fonctions techniques pour l’habitat : valorisation de ressources, savoir-faire et compétences locales (et non délocalisables), et maîtrise du coût global (impacts et externalités négatives).
En termes d’activités, plusieurs métiers sont directement concernés : production, logistique et mise en œuvre de proximité, application et solutions rustiques, low-tech et tech. Les coûts pour les clients sont maîtrisés tant en termes économiques que d’externalités : investissement initial, durée de vie des solutions / approche ACV1, services rendus pour une entropie minimalisée, gestion durable des ressources, savoir-faire et développement d’emplois locaux, clients acteurs (possibilité d’autoconstruction et d’autorénovation) et acquisition de savoir-faire synonymes de gains supplémentaires d’autonomie et de résilience.
Les finalités étant posées, c’est à la question de la méthode qu’il convient de s’intéresser. Une loi qui contente une minorité (écologique et politique), qui fait grincer des dents les professionnels tenus de l’appliquer et est vécue par les principaux concernés, les propriétaires bailleurs et/ou occupants, comme étant à leur détriment en les contraignant à réaliser des travaux avec de l’argent qu’ils n’ont pas, et une rentabilité difficile à appréhender … pose question. La responsabilisation par la coercition est l’unique voie ? L’accompagnement et la bienveillance ne sont plus de mise dans ce pays ? La programmation pensée et réfléchie, à fortiori pour gérer la dépense publique, n’est pas prévu au plan. Nous ne sommes plus en mesure d’avoir une approche planifiable ? Un modèle économique solidaire et viable ?
4. Y’a pas que le climat dans la vie. Y’a la systémique aussi !
C’est vrai qu’à force de milliers de tonnes de ciment, d’adjuvants, de laine de verre, de PVC, de placo et autres peintures riches en polluants atmosphériques (poussières, particules, formaldéhydes et autres COV2), on se demande pourquoi les gens ne se posent pas plus de questions quand ils signent (ou signaient) un engagement qui va les engager quasiment tout au long de leur vie professionnelle. Prenez en pour 25 ans … et ne vous posez pas trop de question. Des cohortes d’aménageurs zélés ont défini le modèle idéal : le pavillon au milieu de la parcelle, la parcelle perdue au milieu (ou sur les bords pour les plus fortunés ou les plus chanceux) d’un lotissement, le lotissement pas vraiment connecté aux fonctions urbaines et sociales (commerces, services, emplois, asso …), dans une commune de toute façon devenue dortoir, mais qui peut être fière de la place obtenue dans la course aux habitants qu’elle se livre avec ses voisines gérées par les milliers d’urbanistes en chef que son les élus locaux. Heureusement avec un minimum de de deux voitures par ménage (la moyenne est presque de trois) pour pouvoir fonctionner au quotidien, la variable d’ajustement est toute trouvée. Mais avec un carburant à près de 2 € le litre (essence et gasoil même combat), le point de rupture se rapproche …
A l’heure d’un véritable début de retournement du marché immobilier, la RE2020 et ses décrets d’application se traduisent aujourd’hui par des cohortes de logements passoires thermiques à vendre dénués d’acquéreurs en vis à vis, par des reports de tensions exacerbées sur le marché locatif, de plus en plus cher et difficile d’accès, mais aussi entre générations, avec d’un côté une partie de plus en plus notable des actifs sous pression et de l’autre des seniors propriétaires dont on se demande s’ils ont perçu l’importance du bien être de ceux qui payent leur retraite.
L’écoconstruction, avec ses matériaux bio et géosourcés, son appétence pour la rénovation, le Bimby (build in my back yard), et même des constructions neuves en périurbanisation (et quelques écohameaux), représente l’antithèse de tout ça. Elle apporte une somme de réponses à même de participer au renouveau de la marche à suivre en matière de BTP et de monde d’après, voire d’y constituer les principales contributions, pour arrêter d’accélérer avant de se prendre le mur. Ceux qui l’ont choisi pour répondre à leurs attentes et besoins ne le regrettent pas. Sauf dans la fable des trois p’tits cochons …
Notes de pages
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- Analyse du Cylcle de Vie – cf. : https://www.hellocarbo.com/blog/calculer/acv/, https://expertises.ademe.fr/economie-circulaire/consommer-autrement/passer-a-laction/dossier/lanalyse-cycle-vie/quest-lacv ↩︎
- Composés Organiques Volatils – cf. : https://expertises.ademe.fr/professionnels/entreprises/reduire-impacts/reduire-emissions-polluants/dossier/composes-organiques-volatils-cov/definition-sources-demission-impacts ↩︎
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